— Premier regard, première évocation d’une sensibilité au symbolisme indissociable de la recherche esthétique: l’œil semble s’arrêter sans cesse dans un mouvement de repli solitaire en marge de l’instant qu’il paraît poursuivre, inventé par moments comme par une mise en scène de l’ordinaire surpris dans sa solitude. La vie devient passé de l’image, l’absence comme apaisée par une distance esthétique, à l’image de traces de passants effacées par une pluie sale et humide devenue seule possible alibi, seule possible témoin d’une émotion que l’absence fait naître. Comme par un jeu de poursuites sans compromis avec le temps traqué dans ses moindres oublis, la vie semble avoir quitté l’instant saisi et c’est l’image qui en suggère alors un souvenir réinvesti, volée à quelque flou du mouvement ; au trouble nu d’un marcheur saisi comme figé dans un corps qui ne peut plus dissimuler l’immobile angoisse. Photographies du Lieu qui cherchent une présence au-delà de l’objet, troubles nus, dé-cadence urbaine où se mêlent alcools du passé dont l’ivresse n’étourdit plus, enseignes surprises dans une autre époque avec une lumière cinématographique… images du mouvement, immobiles, souvent privées de leur matière vivante, comme empêchées dans un temps dont la fuite ne fait plus illusion… seule demeure une sensation de faux passé, d’indélébile nostalgie d’un présent non traversé.
Grégory Goutay
Ava BG © 2007